VHILS EN 10 OEUVRES

SERIE STREET ART

Alexandre Farto, alias Vhils, est un artiste portugais né en 1987, qui a fait ses débuts en tant que graffeur dans la banlieue de Lisbonne. Il est l’inventeur du « reverse graffiti », ce qui en fait un street artist à part. L’art de Vhils se concentre sur l’excavation des couches de surface, en utilisant des outils tels que des perceuses, des marteaux, des burins, par grattage, par application d’acide de gravure, d’eau de javel ou avec des explosifs…pour exposer les dimensions sociales et historiques enfouies sous les surfaces. Son travail qu’il qualifie de “vandalisme créatif” est plus subversif par les techniques qu’il emploie que par les sujets qu’il représente qui sont le plus souvent des anonymes, le but étant de transformer des individus ordinaires en icônes.

L’art de Vhils est conceptuel, poétique et humaniste. Selon lui, notre système social est le produit de couches successives, en éliminant les couches supérieures, nous pourrions tendre vers une forme plus pure du système. Vhils a été marqué par la révolution des œillets dans son pays en 1974 qui a duré deux ans et a débouché sur le renversement de la dictature Salazariste. Il a été témoin des effets de ce conflit, pendant son enfance, où il a vu la dégradation de la vie politique, sociale et économique au Portugal à travers la destruction matérielle du pays.

« J’essaie de mettre l’accent sur l’acte de destruction pour créer, quelque chose que je tire de mon expérience du graffiti. Je crois en effet que nous sommes tous composés de différentes couches, sociales et historiques. Notre système social est le produit de ce processus de superposition de couches, et je crois qu’en supprimant et en exposant certaines de ces strates, en les mettant à jour, nous pouvons être en mesure d’atteindre quelque chose de pure, quelque chose qui constitue ce que nous sommes et que nous avons oublié. C’est une démarche très symbolique qu’il faut prendre comme une fouille semi-archéologique dans l’histoire et la culture. »

Repéré à 20 ans par Banksy, Vhils collabore à une oeuvre commune dans le cadre du Cans Festival de Londres en 2008. La photo des deux oeuvres fera la une du journal The Times et lui ouvrira les portes d’une renommée internationale.

Lancé en 2015, The unexpected Project, initié par la ville de Fort Smith (Arkansas), présente une oeuvre de Vhils représentant un Cherokee amérindien. Ici Vhils fait une œuvre mémorielle de l’histoire de ces tribus qui ont marqué l’histoire de cette région.

En 2016, la Fondation HOCA présente la première exposition personnelle de l’artiste à Hong Kong. Vhils y travaille sur plusieurs sites de la ville (tramways, quais), encourageant les visiteurs à explorer la ville et à réfléchir sur l’environnement urbain à travers le prisme de l’artiste. En utilisant une variété de techniques telles que le forage, les collages de panneaux d’affichage, les boîtes lumineuses au néon et la sculpture pour présenter une expérience immersive, Vhils déconstruit les images qui symbolisent la ville. La multiplicité des techniques et des composants représente la multiplicité des stimuli auxquels les personnes sont soumises dans l’espace urbain et s’inscrit dans une réflexion plus large sur la place de l’homme dans les sociétés urbaines contemporaines.

Cette œuvre créée sur le mur de l’Ambassade du Portugal à Bangkok met en scène des visages et des scènes de la région tout en rendant hommage aux relations commerciales historiques entre la Taïlande et le Portugal.

Dans le cadre de la campagne Brave Walls, d’Amnesty International, qui vise à mettre l’art au service de la défense des droits de l’homme, Vhils a réalisé un portrait de Marielle Franco, au Portugal, pour inciter la population à exiger justice pour elle. Marielle Franco, militante et conseillère élue, était connue pour la promotion des droits des femmes noires, des LGBTI et des jeunes des favelas de Rio de Janeiro et pour sa dénonciation de crimes commis par la police dans les favelas où elle a grandi. La veille de son assassinat (14 mars 2018) Marielle Franco a tweeté à propos d’un jeune homme qui avait été tué : “combien d’autres devront mourir pour que cette guerre prenne fin ?”

Invité en Indonésie par le Splash and Burn Project, Vhils s’engage pour l’environnement et plus spécifiquement pour la préservation de l’Orang-outan Tapanuli, une espèce endémique de Sumatra qui est en danger en raison de la construction d’un barrage hydorélectrique. Par la suite une pétition sera lancée. « Le monde ne prend pas le temps de réfléchir à la manière d’aller de l’avant, aucun effort n’est fait pour réfléchir à l’impact réel des décisions. Pour ce projet, ce que je voulais vraiment faire, c’était donner mon travail afin d’attirer l’attention sur une situation – créer une discussion sur une question. Ce sont les artistes qui alimentent les villes dans lesquelles nous vivons – qui contrebalancent les pressions de différents problèmes en créant des images sur les murs. Vous pouvez lancer une discussion et porter au public des problèmes qui autrement ne seraient pas là »

Vhils a collaboré avec Shepard Fairey pour cette œuvre à Los Angeles. Il y représente le défi pour les migrants d’acquérir un visa américain à leur entrée sur le territoire. A l’origine, le statut de résident aux Etats-Unis est accordé selon quatre critères : le statut de réfugié, l’emploi, les liens familiaux et la promotion de la diversité. L’administration Trump, hermétique à la diversité, définit clairement ces migrants comme des «candidats non idéaux ». Qu’en sera-t-il en 2021 avec Biden…

Ici, au Danemark, c’est tout l’ADN de Vhils qui s’exprime : la représentation d’une personne anonyme, une femme héroïne du quotidien auquel l’artiste rend hommage. Vhils ici poursuit son projet “Scratchins the surface” qu’il a initié depuis 2007 dans près de 90 sites dans plus de 30 pays à travers le monde. Ce projet vise à donner vie aux villes et à faire de l’espace public un environnement plus humanisé.

Whils a introduit pour la première fois des explosifs dans son travail en 2010 pour la Série « Detritos » qui reflétait les dégâts causés par la crise financière de 2008. Il renouvelle l’exploit à Bentonville, en Arkansas, en 2020, pour célébrer l’ouverture de The Momentary, un ancien bâtiment industriel réhabilité en un espace d’art contemporain. Nommée « Planck », cette performance « explosive » révélait le logo Momentary sur la façade. Planck fait allusion au lien entre la brièveté de l’explosion (temps de Plank : la plus petite unité de temps) et l’évènement créatif. Bien qu’on ne puisse pas considérer qu’il s’agit d’une œuvre d’art au sens traditionnel du terme, on peut considérer que c’est l’expression du talent de Vhils pour son expérimentation des techniques au service de l’art.

En 2020 Vhils crée une fresque au Centre Hospitalier Universitaire de Sao Joao, à Porto au Portugal pour rendre hommage aux professionnels de la santé qui luttent contre la pandémie du Coronavirus. « C’est un remerciement sincère et un hommage à ceux qui sont en première ligne de la lutte contre la pandémie ou des soins de santé en général, pour leur importance dans la vie de chacun de nous. Il s’agit de louer le courage et l’altruisme dont ils font preuve en mettant leur vie en danger pour défendre la nôtre ».