STIK EN 10 OEUVRES

SERIE STREET ART

On connaît peu de chose sur Stik, à part qu’il est né à Londres dans les années 80 et qu’il a vécu dans la misère la plus totale avant d’être reconnu. SDF pendant de nombreuses années, c’est en 2009 que sa vie d’artiste prend un nouveau tournant. Relogé dans un centre d’aide dans le St Mungo’s Hostel à Hackney, il devient un street artiste productif, et quitte définitivement la rue. Stik n’est pas un artiste de la gentrification. Malgré une popularité aujourd’hui incontestable il reste humble et veut en retirer une “autre” richesse humaine et spirituelle. Aussi, il reverse à chacune de ses créations l’argent qu’il récolte à des associations caritatives. Son but n’est pas lucratif mais vital, son amour pour l’art l’a aidé à sortir des méandres de la rue et il s’en sent redevable. Ce qui nous interpelle c’est son art excessivement minimaliste et épuré, ce qui donne à son message un poids d’autant plus remarquable. Ces représentations, androgynes et enfantines se composent de 6 lignes et de 2 points pour les yeux, des personnages silencieux qui observent le monde. “Je trace juste 6 lignes et 2 points, ainsi, chaque ligne doit raconter une histoire”.

A Londres, dans la rue Cordy House, il peint cette fresque pour exprimer ce qu’il ressent en tant que SDF et révèle les changements qui s’opère dans son quartier alors qu’il est sans abris. “Cette oeuvre parlait de se cacher derrière les volets et de la façon dont les gens regardaient le quartier qui changeait… il devenait de plus en plus difficile pour nous de rester dans ce quartier à cause du coût de la vie”.

“A couple hold hands in the street” montre une femme en niqab tenant la main à un personnage. Stik a créé cette fresque quelques jours après une tentative d’attaque contre un dessinateur suédois dépeignant le prophète Mahomet comme un chien. “J’ai fais des recherches et j’ai trouvé qu’en fait, au sein de l’islam, si vous choisissez de représenter des êtres vivants, il faut le faire de manière bidimensionnelle sans aucune illusion de profondeur, c’est tout moi !… En tant qu’artiste de rue, vous devez trouver un moyen de révéler la liberté, c’est ce que je fais ici”. Sept ans plus tard, “A couple hold hands in the street” avait été adopté par la communauté musulmane locale et est devenu une sorte de “trésor national”. Dans un sondage du Guardian en 2017, l’oeuvre a été élue oeuvre préférée au Royaume-Uni.

Cette oeuvre, à Londres, se voulait protestataire contre les Jeux Olympiques, dévoilant un niveau de toxicité des sols autour du parc Olympique inacceptable. Aussi, les figurines “baton” de Stik, habituellement poétiques apparaissent ici sous forme de figurines “mutantes” qui émergent du sol avec des tentacules de monstres.

En partenariat avec le British Council et An Urban Reflection Residency, Stik organise le premier grand Festival d’art de rue en Jordanie, à Amman, en collaboration avec 10 artistes locaux. Nous sommes en Jordanie en 2012, époque à laquelle le roi coupe les subventions du carburant domestique pour ses habitants.

Three boys – Version originale, Murillo, Bartolomé Estéban ((1660)

The Guardian Angel – Version originale, Marcantonio Franceschini (1716)

Adam et Eve – The fall of man – Version originale, Pieter Coecke Van Aelst (1520-30)

Couple in a landscape – Version originale, Thomas Gainsborough (1753)

Ici, Stik dénonce le déracinement des populations qui doivent quitter leur habitat pour laisser place à des immeubles luxueux, un symbole de protestation contre la destruction des logements sociaux. “Big Mother représente les familles vulnérables et le besoin de logements sociaux. La destruction du bloc de logements sociaux sur lequel il a été peint ne fait qu’ajouter à sa signification”. La plus haute fresque murale de Stik a été démolie mais les habitants ont sauvé une partie de son oeuvre pour collecter des fonds.

Stik a peint ses personnages sur l’un des châteaux d’eau emblématiques du centre ville de New York, à Union Square. “Cette oeuvre représente huit personnages se tenant par la main, symbolisant l’union des quatre points cardinaux… Elle fait face à toutes les directions simultanément”.

Stik rend hommage aux générations de migrants qui ont élu domicile dans le Lower East Side de Manhattan, sur Allen Street, plus connue sous le nom d’Avenue of the immigrants. Une exposition des oeuvres de l’artiste a permis de recueillir des fonds pour le Programme Shared Journeys du Tenement Museum, qui développe un programme d’aide aux familles pour l’apprentissage de l’anglais et de l’histoire du Lower East Side.

Piccadilly Lights, le plus grand écran public d’Europe, présentait, pendant le confinement, une oeuvre numérique de Stik représentant un groupe de jeunes se tenant la main comme un symbole d’espoir et de solidarité pendant cette période difficile pour le monde entier.

Stik, qui habite à Hackney au nord-est de Londres, a voulu distribuer aux foyers de son quartier 100 000 posters de son oeuvre “Holding hands”, une sculpture installée dans un square du quartier, pour leur remonter le moral pendant la pandémie. Une partie de ses affiches a été volée et mise en vente sur internet. “Ces oeuvres ont été conçues comme un cadeau pour les habitants de Hackney” déclare Stik, qui s’investie beaucoup dans de nombreuses causes sociales. Les fans qui ont acheté des exemplaires sur internet, qui ne se doutaient de rien, ont rendus leur exemplaire lorsqu’ils ont appris que la manière dont ils avaient acquis ces oeuvres ne reflétait pas “l’esprit dans lequel l’artiste” avait pensé ce projet.

Quoi de plus gratifiant pour un artiste que la reconnaissance de son travail… Pendant le confinement, des enfants de tous âges ont dessiné “à la façon de Stik”, ses personnages “batons” pleins d’humour et de poésie. Ces créations ont dû faire sourire l’artiste, qui reçoit ici des preuves d’amour, lui qui donne tellement dans ses engagement sociaux…