JR EN 10 OEUVRES

SERIE STREET ART

JR, né en 1983 en région parisienne, travaille à l’intersection de la photographie, du street art, du cinéma et de l’engagement politique et social. Il expose ses photographies en “noir et blanc” dans les rues du monde entier, qu’il qualifie de “plus grande galerie d’art au monde”. “J’aimerais amener l’art dans des endroits improbables, créer avec les communautés des projets tellement grands qu’ils forcent le questionnement. Tenter dans les zones de tensions comme le Moyen Orient ou le Brésil qui sont fortement médiatisées, ce créer des images qui offrent d’autres points de vue que celles, réductrices, des médias globalisés”.

Suite à une première exposition sauvage affichée en 2004 sur les murs de la cité des Bosquets, à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, JR expose les portraits de jeunes de banlieue en grand format, en plein coeur de ce quartier. Son intention, faire descendre l’art dans la rue : “Dans la rue, je touche des gens qui ne vont jamais au musée. En collaboration avec Ladj Ly, acteur et réalisateur du collectif kourtrajmé, habitant des Bosquets, il réalise des portraits des jeunes de la cité et du quartier voisin de La Forestière, à Clichy-sous-Bois, épicentres des émeutes survenues en 2005, après la mort de deux adolescents, électrocutés dans l’enceinte d’un poste électrique alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police. Le livre “28 millimètres” rassemble 28 portraits parmi les plus percutants.

En 2007 JR et l’entrepreneur Marco Berrebi réalisent la plus grande exposition de photographie du monde. Pour ce projet, dans le cadre de Face 2 Face, il a collé sur le “mur de séparation” ou “barrière de sécurité”, des portraits d’Israéliens et de Palestiniens exerçant la même profession, “pour montrer que malgré leurs différences, ils sont assez semblables pour se comprendre mutuellement”. Promouvoir la paix au moyen d’un projet artistique interactif, voilà ce qui a motivé son intervention dans la région. “Nous voulons montrer le soutien massif pour la paix qui existe des deux côtés. Notre rôle est simplement de créer un environnement visuel positif en Israël et en Palestine”.

C’est un projet mené dans différentes villes d’Afrique, du Brésil, d’Inde et du Cambodge. Le projet reconnaît et met en évidence le rôle social des femmes dans ces zones de conflit, célébrant leur héroïsme à partir d’une approche expressive et optimiste. “Afin de rendre hommage à ceux qui jouent un rôle essentiel dans la société mais qui sont les premières victimes de la guerre, du crime, du viol et du fanatisme politique ou religieux, j’ai collé d’immenses photos des visages et des yeux de femmes locales partout à l’extérieur de la favela, donnant soudain un regard féminin à la fois à la colline et à la favela”. Il réalisera un film dans la foulée, message d’espoir et un véritable voyage à travers son art.

Inside Out est un projet participatif à grande échelle qui transforme les messages d’identités personnelles en oeuvres artistiques. On en revient ici aux sources de l’art de JR “rendre visible l’invisible”, donner l’image et la parole à des personnes qui autrement ne seraient pas vues et entendues. Le monde entier est mis à contribution de produire des portraits photographiques en noir et blanc pour révéler et partager des histoires et des images inédites de personnes du monde entier. Ces images téléchargées numériquement sont ensuite transformées en affiches et renvoyées aux co-créateurs du projet pour qu’ils puissent les exposer dans leur propre communauté. La participation est individuelle ou collective, toute liberté est donnée de placer les affiches où l’on veut. Ces expositions pourront perdurer dans le temps car les images seront archivées et consultables virtuellement.

Le projet Unframed vise à faire revivre la mémoire d’Ellis Island, site d’entrée en Amérique pour des milliers de migrants. Bien qu’abandonnés depuis 70 ans ces bâtiments conservent l’âme de toutes ces personnes qui constituent aujourd’hui l’identité murliraciale américaine. L’oeuvre, accessible par visite guidée, restera en place “jusqu’à ce qu’elle décide de disparaître”.

Ce projet c’est avant tout une belle rencontre de deux “esprits imaginatifs”, JR et Agnès Varda, son amie cinéaste, de 55 ans son aînée. Ils vont sillonner les routes de France, loin des villes, pour aller à la rencontre des autres, les gens à qui personne ne prête habituellement attention. Les installations sont faites de photos prises par JR qu’il transforme en affiches géantes, qu’il met ensuite en scène avec ses “modèles”, avec la collaboration d’Agnès Varda à la caméra. Ils réalisent ainsi un film “à quatre mains” plein d’humour et de poésie. C’est avant tout un vibrant plaidoyer pour l’art de rue qui nous révèle la beauté d’âme des “invisibles” et la beauté inattendue de nos villages. Le film “Visages, Villages”, projeté en sélection officielle au Festival de Cannes, hors compétition sera récompensé de l’Oeil d’Or (meilleur documentaire). Il recevra d’autres récompenses à travers le monde.

Afin de dénoncer le problème persistant de l’immigration, JR a placé une énorme photographie d’un garçon mexicain à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Vu du côté américain, il semble regarder les Etats-Unis de l’autre côté. L’idée du projet est née lorsque le Président américain Trump a commencé à parler de la construction d’un mur le long de la frontière mexicaine. Pour le dernier jour de cette installation JR a organisé un gigantesque pique-nique des deux côtés de la clôture. “Les gens mangent la même nourriture, partagent la même eau, apprécient la même musique autour de l’œil d’un rêveur … Nous avons oublié le mur pendant une minute “, a déclaré JR.

Pour fêter le 30ème anniversaire de la Pyramide, le Musée du Louvre invite l’artiste à collaborer une nouvelle fois pour célébrer l’évènement. Après avoir fait disparaître le monument en 2016, JR propose cette fois de le faire sortir de terre pour en révéler les mystères. Un procédé d’anamorphose et de collage de bandes de papier révèle les fondations de la Pyramide de la Cour Napoléon. En réalisant une oeuvre collaborative exceptionnelle avec l’aide de 400 participants bénévoles, JR réalise son plus grand collage installé à ce jour.

L’artiste recouvre l’Opéra Bastille avec 500 portraits de soignants en noir et blanc, en juillet 2020. JR collabore avec le collectif “Protège ton soignant” et l’Opéra National de Paris pendant la période de confinement, pour soutenir le personnel hospitalier. Les 500 portraits qui composent l’immense fresque ont été pris dans plus d’une dizaine d’Etablissements hospitaliers à travers la France.

JR et les élèves de l’école de cinéma créée par le réalisateur Ladj Ly ont réalisé une immense fresque en hommage à l’Américain George Floyd, ex-rappeur et basketteur noir décédé lors d’une interpellation, et Adama Traoré, un jeune français noir décédé lors de son interpellation en 2016. La fresque de JR “combine” les deux regards d’un peuple noir victime de violences policières.