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Saype – en 10 oeuvres


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LAND ART

J’aime les artistes qui sont “ancrés” dans notre monde. Guillaume Legros, artiste franco-suisse, dit Saype, de la contraction de “say” (dire) et “peace” (paix) nous parle de celui-ci. Il nous permet de nous affranchir des galeries d’art et de la rue en nous offrant des oeuvres qui interagissent avec la nature et qui sont éphémères. Il pratique savamment l’anamorphose en jouant avec la perspective des paysages mais pas que… En effet nombreux artistes pratiquant le land art modifient le paysage en assemblant des matériaux naturels… Ce n’est pas son “credo” ! Saype nous délivre un message puissant dans chacune de ses oeuvres. Il déclare vouloir“attirer l’attention des gens et influencer les mentalités sans laisser de traces dans la nature”. Je tiens à préciser que les produits qu’il emploit sont 100% dégradables.

01 – Beyond walls Project- Le projet de toute une vie

Step 1 : Paris

En 2019, Saype entame un projet d’envergure mondiale intitulé “Beyond Walls” qu’il initie à Paris, sur le Champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel. Son ambition : créer symboliquement la plus grande chaine humaine au monde, dans plus de 30 villes sur plusieurs années. Son but est d’inviter les peuples à l’entraide, la bienveillance et le vivre ensemble, pousser les êtres humains à franchir les murs qui les séparent ou les enferment dans des compartiments mentaux ou géographiques. Saype : “Ce n’est qu’ensemble, main dans la main, que nous pourrons surmonter les plus grands défis de notre temps”.

Après Paris, Genève, Berlin, Ouagadougou, Yamoussoukro, Turin, Istanbul, Cape Town, Ouidah, Dubai, Venice, Belfast, Rio de Janeiro, Brumadinho, Montreal, Defne, Vilnius, le Caire…

Le message de Saype, pour ce projet à travers le monde : “solidarité, entraide, dépassement des frontières géographiques ou sociales”.

À chaque nouvelle étape, Beyond Walls poursuit ce même message de bienveillance et de connexion humaine. En peignant des mains géantes s’étreignant au sol, Saype souhaite incarner visuellement le lien qui unit les humains, quel que soit le lieu. À Vilnius, cette symbolique prend une résonance particulière, car c’est précisément ici qu’en 1989, plus de deux millions de personnes se sont unies pour former la Voie balte, une chaîne humaine reliant Vilnius, Riga et Tallinn, en faveur de l’indépendance des États baltes. Cette action pacifique reste, à ce jour, l’une des plus grandes manifestations de solidarité humaine de l’histoire.

02 – Message from future – 2019

Saype peint cette fresque en soutien à l’association SOS Méditerranée. “Cette oeuvre éphémère nous rappelle simplement que les migrants ont un visage que chacune et chacun doit pouvoir regarder en face… j’espère que ce message, délivré au coeur de la ville de Genève internationale aura une certaine résonance à un moment où la montée des populismes en Europe prend une tournure inquiétante” Guillaume Barazzone (conseiller administratif de Genève).

Tout le paradoxe de son oeuvre réside dans le fait que son art est éphémère mais qu’il reste ancré dans nos mémoires. Depuis le lancement de son projet, Saype a peint ces mains jointes à Paris, Berlin, Ouagadougou, Istanbul, le Cap… Le message est universel, c’est ce qui crée sa force et sa longévité.

03 – Beyond crisis – 2020 – Leysin Suisse

En période de pandémie mondiale, Saype s’exprime : “J’ai fait cette oeuvre dans un objectif d’apporter un peu d’optimisme dans un moment qui, je crois, est assez dur au niveau du sentiment général qui règne. L’idée était de pouvoir donner un peu d’ouverture sur le monde et aussi de rappeler les choses qui me semblent essentielles en période de crise, à savoir l’entraide, la bienveillance et finalement l’idée de se serrer les coudes, même si on ne peut pas se toucher, dans un moment qui est compliqué pour tout le monde”.

04 – All of us – 2023 – Genève Suisse

Il y a 25 ans, Handicap International avait dévoilé ce siège à trois pieds pour représenter les dégâts causés par les armes sur les civils, notamment les mines antipersonnel. En 2023, Mandaté par Handicap International la fresque de Saype, place des Nations, “nous tous” vise à soutenir la lutte contre les bombardements de civils. Selon Saype “l’art a toute sa place pour relayer un message dans les débats de société et face aux tensions politiques”.

05 – World in progress jardin de l’ONU Genève – 2020

Cadeau de la Suisse à l’occasion des 75 ans de la Charte des Nations Unies, World in Progress est une ouverte poétique et écologique qui évoque la construction collective du monde de demain, “l’avenir que nous voulons”. Selon l’artiste “l’écologie doit être au centre de notre réflexion sur notre lien au monde et à la nature… c’est ensemble que nous devons réfléchir sur le monde de demain.”

06 – World in progress – 2021 – New-York

Pour célébrer le 75ème anniversaire des Nations Unies, la Suisse a offert une réplique de la fresque créée en 2020 à Genève, à son homologue américain. Les ambitions de cette oeuvre selon Saype : “rappeler aux générations actuelles leur devoir à l’égard des générations à venir, celui d’une paix entre les nations, qui ira de pair avec la préservation du patrimoine environnemental mondial”.

07 – The sea cleaner – 2021 – Suisse

En 2021, Saype réalise cette oeuvre dans les vallées de la Caquerelle, en Suisse, au profit de The SeaCleaners qui combat la pollution plastique dans les océans. “Je trouve ça intéressant de créer une oeuvre, ici, dans une région très terrestre, pour soutenir une association qui va aider à dépolluer les océans. Cela permet de rappeler que les océans et la terre sont étroitement liés: les déchets jetés à terre vont forcément terminer dans les fleuves et autres, donc pour moi la logique est claire.” Les bénéfices de la vente de 200 lithographies de l’oeuvre ont été reversés à l’organisation pour ses actions en faveur de la dépollution des océans.

08 – Un tissu social – 2022 – Roubaix-France

Au sein du festival URBX de Roubaix, dans le nord de la France, Saype rend hommage au passé textile et à la communauté roubaisienne. Petit rappel historique… Après un âge d’or au début du XXe siècle, l’industrie textile se maintient durant l’entre-deux-guerre dans la région et connaît des restructurations importantes après 1945 avant d’entrer dans une crise grave à la fin des trente glorieuses. La cause principale de cette crise est l’émergence d’une production textile massive dans différents pays du monde, notamment en Asie. Seules subsistent aujourd’hui sur le territoire des productions hauts de gamme ou faisant appel à des technologies de pointe.

09 – Encordés – 2023 – La Plagne-France

Quel beau message : deux enfants qui unissent leurs efforts pour gravir une montagne et ouvrir la voie. Le message est qu’ils doivent collaborer, chacun ne peut avancer sans l’autre. S’unir pour définir l’impossible, tel est le message de Saype.

10 – Etoile polaire – 2024

Dans les oeuvres éphémères de Saype, les enfants sont au coeur de ses représentations, dans le sens ou ils sont notre avenir pour transmettre des messages sur l’union entre les peuples, la préservation de l’environnement, la transmission intergénérationnelle…

C’est au coeur des Alpes vaudoises que Saype réalise cette fresque éphémère, visible depuis le sommet du Chamossaire. “Le cairn est un point de repère pour guider les randonneurs en montagne, c’est une création avec les éléments naturels qui font écho à mon travail de land art”.

Millo en 10 oeuvres


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SERIE STREET ART

J’aime les artistes qui nous parlent de notre monde. Francesco Camillo Giorgino aka Millo, muraliste, né en 1979, nous propose une réflexion sur notre environnement urbain, dans ce sens il est engagé. Ses fresques sont facilement identifiables : omniprésence du noir et blanc, rares touches de couleur, fonds d’immeubles enchevêtrés, personnages disproportionnés… Mais derrière tout cela se cache la dénonciation de la réalité urbaine de notre temps, toujours métaphorique et poétique. Millo fait non seulement le procès des urbanistes et architectes, mais aussi celui de la classe politique, complices des entreprises de constructions qui, au nom du profit, ne prennent pas en compte les besoins des habitants. Sa passion du dessin est le fil conducteur de toute son oeuvre, qui se révèle pendant son enfance et lors de ses études d’architecture en Italie, son pays d’origine.

01 – Concours B Art – Italie 2014

En 2014, Millo remporte de Concours B Art, ce qui lui donne l’énorme opportunité de réaliser 13 grandes fresques murales dans la ville de Turin. C’est à ce moment qu’il acquiert une visibilité dans le monde du street art.

02 – “Backpack home” – Ascoli Piceno, Italie 2016

Millo réalise cette peinture murale lors du Festival Arte Pubblica. “Cette fois, mon personnage porte avec lui toute son histoire, ses souvenirs et ses racines. Je l’ai dessiné comme une maison sac à dos… L’histoire, les souvenirs, les racines, la maison, les amours sont ce que nous portons en nous, même si nous sommes loin ou forcés d’être loin”.

03 – “Childhood dream” – Shanghai, Chine 2016

Dans la culture chinoise, le poisson rouge est un symbole de l’excédent et de la richesse. Certaines légendes chinoises parlent d’une période de sécheresse qui aurait pris fin lorsque le dernier poisson rouge du monde aurait sauté hors d’un puit. “Goldfish ne représente pas seulement la fortune, mais la notion qu’il est possible pour tout le monde d’atteindre ce qu’il veut”.

04 – “Blind” – Bonito, Italie 2016

Millo a réalisé cette fresque pour “Impronte 2016”, évènement organisé par le Collectif Boca, en collaboration avec la Fondation Salvatore Ferragamo, natif de Bonito. “Chaque artiste s’inspire d’un modèle de chaussure de Ferragamo. J’ai été inspiré par les chaussures arc-en-ciel, modèle conçu en 1938 par Ferragamo pour Judy Garland alors qu’elle interprétait Dorothy dans Le magicien d’Oz.”

05 – “Rivoluzione” – St Petersbourg, Russie 2017

En italien, le mot “rivoluzione” a deux significations. La première exprime un changement complet et soudain, la seconde exprime la rotation d’un corps céleste autour d’un autre. Ici Millo a voulu exprimer le deuxième sens en représentant une série de cercles qui traversent le personnage central qui, à l’image d’une planète vit des “révolutions” successives dans sa vie. Le message que Millo veux donner ici est la nécessité, pour chacun, de trouver sa propre révolution personnelle.

06 – Free art – Canada 2018

Millo réalise ici sa première fresque à Montréal qui fait référence à la culture Québécoise : la densité de la ville, la densité du trafic aérien, les food trucks de rue. Il souligne ici le rôle primordial que joue l’art et la culture dans la vie des habitants des villes.

07 – “Manipuler avec soin” – Casablanca 2019

Suite au ravalement de façade de l’immeuble du quartier Derb Omar, cette fresque de Millo a été effacé à peine un an après sa réalisation lors du Festival Sbagha Bagha.

Millo partageait sa déception et son indignation dans Maroc Hebdo : “Vous savez, quand on travaille dans le «Street art», on intègre ce risque et on peut s’attendre à ce genre de mésaventures. Toutefois et malheureusement, j’ai remarqué qu’au Maroc, voir disparaître ce type d’oeuvres est plus courant que dans d’autres pays. Les gestionnaires de la ville de Casablanca doivent comprendre qu’il s’agit d’une ressource et non seulement d’un investissement à court terme. Casablanca est une très belle ville et avoir autant de «Street art» ne peut que contribuer à attirer davantage de touristes. Ce type d’art permet également d’embellir certaines zones qui sont délaissées urbanistiquement parlant. Et ça, je pense que les Marocains le savent déjà”. En effet, les marocains se sont mobilisés sur les réseaux sociaux pour dénoncer cet acte et montrer leur engagement et leur respect envers cette forme d’art.

08 – “Le coeur avant tout” – Italie 2020

Millo, lors de la pandémie de Covid, crée une campagne de financement en mars 2022 pour recueillir des fonds dans la région de Pescara dont il est originaire. “Il est urgent d’acheter du matériel, des machines ainsi que tous les équipements pour la sécurité des soignants travaillant en soins intensifs… Les fonds collectés (en achetant le print) seront directement reversés à l’hôpital Santo Spirito.”

09 – Série “At the crack of dawn” – Los Angeles 2021

Dans le cadre du “Thinkspace Projects”, Millo réalise plusieurs fresques avec son style bien reconnaissable. Ses personnages surdimensionnés, perdus dans des décors architecturaux austères, incarnent l’état de transition entre le sommeil profond et l’éveil. Les seules touches de couleur mettent l’accent sur les personnages, la nature, les animaux, le système solaire. Selon Millo : “Je capture les sentiments inconscients passés à travers la brume de l’ombre jusqu’à l’aperçu de la lumière, façonnant ce qui est silencieux”.

10 – Festival “Walls can dance” – Hambourg, Allemagne, 2022

Pour le Festival Walls Can Dance, Millo a créé cette fresque sur un bâtiment récemment construit par une ONG qui soutient, depuis plus de 60 ans, des personnes souffrant de problèmes de dépendance et qui aide les sans-abris ou les réfugiés, premières victimes de l’inflation du prix des logements. Pour Millo : “Accueillir est un acte d’amour”.

Zhang Xiaogang


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“Portraits de l’âme chinoise moderne”

Zhang Xiaogang, né en 1958, en Chine est un peintre symboliste et surréaliste. Il est très célèbre pour sa série “Bloodline” commencée en 1993. Ses tableaux autour du concept multiforme de “famille” s’inspirent des photos de famille de la période de la Révolution Culturelle. Depuis les années 2000, Zhang Xiaogang essaie de se réinventer avec de nouvelles créations bien différentes. Il a déclaré : La série Bloodline est comme un sort magique qui aveugle les gens. Rien d’autre que j’ai fait n’a reçu le même niveau d’attention”.

SA SERIE “BLOODLINE : The big family”

“La série Bloodline représente l’une des périodes les plus importantes et un tournant dans ma carrière artistique”

L’idée de famille a changé avec la création de la République populaire de Chine. Une nouvelle pratique du collectivisme a été fondée et de nombreuses personnes ont lutté dans un monde qui donnait la priorité au pays et considérait l’État comme une nouvelle sorte de famille. Avec cette série de tableaux Zhang Xiaogang représente sans fin une famille “standardisée” en proie à une quête de la place de l’individu au sein d’une société chinoise déshumanisée.

En voyage en Allemagne au début des années 90, Zhang Xiaogang dit avoir été influencé par le travail de l’artiste Gerhard Richter. En interview, l’artiste déclarait “Richter a regardé les photos et a vu leur histoire et leur signification, ce qui m’a beaucoup inspiré. J’ai commencé à prêter attention à l’histoire, à la culture et à l’esthétique derrière les images et j’ai distillé ces choses dans mon propre langage artistique”

“Genesis Number One” – “La naissance de la République” – 1991

Pour Zhang Xiaogang, tout a commencé en 1991 avec la création de ce tableau. Il utilisait pour la première fois la photographie dans son processus de peinture : “c’est l’étincelle qui m’a donné un indice et une raison d’utiliser des photos dans ma future pratique”. En triant de vieilles photos, l’artiste est tombé par hasard sur une vieille photo de membres du Parti communiste pendant la République de Chine et a décidé d’en faire l’arrière plan “historique et culturel” de son tableau.

Il commence véritablement à se consacrer à sa série bien connue à partir de 1993. Avec “Trois camarades”, l’artiste ne peint pas une famille chinoise standard mais des “camarades” appartenant à la grande “famille révolutionnaire” au service du grand Timonier Mao, où tous les individus étaient frères et soeurs, indépendamment des liens familiaux.

Avec “Big family 9” Zhang Xiaogang s’est inspiré d’une photo de famille montrant ses parents et son frère aîné. Sur de nombreuses toiles l’enfant est représenté en rouge pour symboliser “Rouges de deuxième génération”, le produit de la Chine nouvelle. Il faut voir aussi dans ces représentations que chaque famille détient des souvenirs personnels mais aussi que chaque famille détient les souvenirs de tout un peuple.

Zhang Xiaogang utilise dans ses compositions des conventions traditionnelles chinoises : il utilise une lumière dramatique et des fonds neutres pour idéaliser ses sujets. Mais ses personnages sont peints avec une finition nacrée rappelant la porcelaine, ce qui procure un sentiment de nostalgie. Il se dégage de ces représentations une lumière douce que l’on peut observer dans les vieilles photos, ce qui donne un sens à l’histoire qui veut être racontée et laisse transparaître une indéniable poésie.

En 2012-13 Zhang Xiaogang aborde dans une nouvelle série de toiles les relations complexes qu’il entretient avec sa famille. Les personnages représentés (père, mère, enfant) semblent ensemble mais désespérément seuls. Par la suite l’artiste va créer une série de portraits “individuels” comportant des marques translucides étranges, comme des taches de naissance.

SES SCULPTURES

Zhang Xiaogang a récemment commencé, en 2007, à recréer ses anciens personnages de la série “Bloodline” mais en trois dimensions. Malgré le succès et les effets de “Bloodline” , les œuvres les plus récentes de Zhang trouvent un écho modéré auprès de son public. Les sculptures, en bronze, expriment le besoin de raconter des histoires entre les membres de la famille et évoquent des sentiments de relations humaines fondamentales.

SES NOUVELLES CREATIONS

Dans ces œuvres récentes, une nouvelle dynamique de composition a émergé à travers les figures. Dans la précédente série de portraits figuratifs de l’artiste, les sujets sont présentés en groupes. Dans ces nouveaux portraits, une puissante apesanteur ou instabilité se dégage. Les personnages dérivent sur la toile, projetant un sentiment d’isolement et d’aliénation par rapport à leur environnement. L’artiste a introduit des compositions de collage dans sa pratique, déchirant et superposant le papier en œuvres texturées qui mettent l’accent sur la nature fragmentaire de la mémoire. La technique du collage se confond avec l’acte de peindre, les deux présentant des exécutions correspondantes de la création à la fois physique et cérébrale. La composition tant technique que figurative des œuvres reflète la vaste interrogation de l’artiste sur la nature de la peinture en tant que manifestation physique de l’inconscient et en tant qu’interprétation de la mémoire individuelle et collective.

SA NOUVELLE IDENTITE PICTURALE

En 2012, Zhang Xiaogang commence une nouvelle série de toiles très surprenantes : sans aucun personnages alors que tout son art reposait avant sur ce principe. L’artiste nous présente des espaces vides et nous invite dans son espace privé. Pour autant nous ne ressentons pas un apaisement dans ce travail, les toiles sont manifestement hantées par le vide et les ombres du passé même si les branches de fleurs de pruniers, souvent présentes dans ces toiles, symbolisent une promesse d’espoir et du printemps à venir. L’absence de figure humaine rend la symbolique des objets présents encore plus significative et intense. Il conserve néanmoins les éléments essentiels utilisés précédemment : les tâches de lumière, les lignes géométriques, le style révolutionnaire culturel standard (avec les vêtements). Il trouve ici un nouveau langage pour réincarner tous les éléments de son oeuvre dans des compositions sur toiles qui pourraient être des installations.

Amnesia and memory

SA REPONSE A LA PANDEMIE

Zhang Xiaogang a créé cet autoportrait en avril 2020, alors qu’il était confiné avec son épouse et que la Chine luttait contre le virus. Selon moi, la cloche fournit une métaphore de l’isolement psychique et de la dépression. Le chien masqué, en équilibre précaire sur un piédestal transmet ce que Zhang Xiaogang a décrit comme “le sentiment d’impuissance”

Avec “Castle”, créé aussi en 2020, l’artiste nous plonge dans un rêve onirique. Au centre Zhang Xiaogang juxtapose deux bâtiments jaunes d’époques différentes (typiques des années 50 et 90 en Chine) et accentue ainsi l’absurdité de l’édifice. Les scènes et objets au premier plan sont tout aussi absurdes et évoquent “un état de rêve lié à l’étrangeté de vivre avec la distanciation sociale que nous adoptons tous pendant cette pandémie”. Les objets symboliques représentés expriment selon l’artiste : “certains de mes sentiments intérieurs pendant cette période de pandémie mondiale, une expérience divisée, contradictoire, absurde et même terrifiante qui me frappe constamment dans la réalité”.

L’artiste renoue avec le jeu entre le réel et l’imaginaire dans l’espace symbolique de la mémoire, qu’il avait expérimenté avec ses dessins de fantômes “Ghost”, en 1984 au début de sa carrière. A cette époque, en proie à l’alcoolisme et à la dépression, il avait été interné et avait dessiné cette série de seize dessins, sorte de draps froissés fantomatiques. En 2007 il déclarait à ses étudiants : “ils sont tous sur la mort (dessins), la maladie et le désespoir, la signification de l’existence”.

Je me réjouis que Zhang Xiaogang se soit “libéré” de ses portraits qui lui ont valu tant de succès et de fortune. Aujourd’hui, en renouant avec ses vieux démons il semble contradictoirement “apaisé” dans ses interviews d’avoir trouvé comment concilier dans son oeuvre l’histoire complexe de son pays, avec un degré magistral de symbolisme, et sa réflexion sur le sens de l’identité dans un sens plus large et non plus réduit à la famille.

Yan Pei Ming


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Yan Pei Ming, né en 1960 à Shanghai, a grandi pendant la grande révolution culturelle maoïste prolétarienne et a travaillé comme peintre de propagande sous le régime maoïste. Plus tard, il fait partie du premier groupe d’artistes à fuir la Chine en 1980. Avec de grandes attentes, il arrive en France pour étudier les Beaux-Arts et obtient un diplôme de l’Ecole des Beaux Arts de Dijon. Ce changement géographique, culturel et artistique a eu un impact considérable sur son travail. L’artiste est connu pour utiliser un pinceau long de la taille d’un balai pour créer ses oeuvres monumentales, combinant le noir et blanc et le rouge plus rarement, rappelant les couleurs traditionnelles de l’art chinois.

SA DECONSTRUCTION DE LA PROPAGANDE

Ancien peintre officiel du régime, Yan Pei Ming, dès 1987, met en perspective ses années passées en Chine et son profond dégoût pour son dirigeant Mao. 

Il s’inscrit dans une tradition « européenne » du portrait tout en y révélant les codes de l’art de la propagande chinoise : des dimensions monumentales, des couleurs fortes (noir, gris, blanc et rouge). Il rompt véritablement avec sa pratique de portraitiste officiel par « le geste » : ses œuvres sont peintes dans la fulgurance d’une gestualité très physique et tendent vers l’abstraction. Ce qui est passionnant dans son travail, c’est sa mise en perspective de la représentation du père avec celle du Grand Timonier. Il crée ici une grande ambivalence de sens entre la figure emblématique du père politique, idole de l’inconscient collectif du peuple chinois, et celle de son père génétique qu’il qualifie « d’étranger ». Il semble opérer une assimilation entre les deux en représentant son père selon un modèle unique : l’homme le plus puissant, l’homme le plus têtu, l’homme le plus sage…

SA VISION DU POUVOIR

Depuis 2017, Yan Pei Ming travaille sur une série intitulée “Jeux de pouvoir”, que l’artiste complète chaque année. Selon lui : “C’est un exercice provisoire. Cette série est la constatation d’une époque donnée, dont je représente les figures qui détiennent un pouvoir, détention forcément éphémère. Un jour, “Jeux de pouvoir” comprendra peut-être 300 portraits… qu’on ne reconnaîtra pas forcément. Combien de personnes illustres sont-elles tombées dans l’oubli ? Qui se souvient encore du président qui a précédé Charles de Gaulle ? C’est pareil pour les artistes. Victor Hugo reste, mais combien d’écrivains oubliés pour un Hugo à l’oeuvre incontournable?”

SA QUETE HUMANISTE

« Plus j’avance, plus je me sens libre, plus j’ai envie d’exprimer un sentiment général d’humanité ».

L’exposition « l’homme qui pleure », au Musée des Beaux-Arts de Dijon, en octobre 2019, explore les émotions et la révolte ressenties par l’artiste face à la brutalité du monde et sa douleur face aux drames intimes et familiaux. L’artiste à genoux accueille le visiteur (2012), tête baissée, semblant demander pardon au monde qui s’écroule ainsi qu’à ses proches. Avec ses portraits de femmes voilées, sous les yeux ouverts de l’Oncle aveugle mort (2019), il interroge le monde sur l’enfermement sociétal et physique. Son obsession de la mort se révèle ensuite avec ses autoportraits en quatre saisons (2006) représentant la jeunesse, l’âge adulte, le gisant mort et la vanité (le crâne). Et la présentation des « pleurant », suite d’aquarelles d’après les 82 pleurants des cénotaphes des ducs de Bourgogne. Enfin, l’exposition rend hommage à sa défunte mère (2018) et à ses deux amis Xavier Douroux et Fabian Stech, récemment disparus.

SON ATTACHEMENT A LA CULTURE FRANCAISE

Lors de son séjour à la Villa Médicis, de 1993 à 1994, Yan Pei Ming représente « Les cent huit brigands ». il s’inspire d’un roman épique chinois très populaire « Au bord de l’eau », qui retrace la révolte de 108 brigands contre la corruption du pouvoir. « C’est un peu l’équivalent des ” Trois Mousquetaires » d’Alexandre Dumas en France. Je le connais par cœur. C’est une histoire passionnante, universelle : les personnages sont des archétypes qui reflètent l’étendue de la complexité de l’âme humaine. Mes 108 brigands se basent sur des personnes que j’ai croisées ».

SA RENCONTRE AVEC GUSTAVE COURBET

Yan Pei Ming découvre Courbet lors de ses études à Shanghai
« Tout le monde connaissait Gustave Courbet en Chine. Il était avant tout montré dans les revues artistiques comme un artiste révolutionnaire. Son image était très liée à celle de la Commune de Paris, mais je l’ai découvert véritablement en arrivant en France. J’ai été très impressionné par ses grands formats, commeL’Atelier du peintre et Un enterrement à Ornans, qui étaient alors exposés au musée du Louvre ; j’avais l’impression qu’on pouvait rentrer physiquement dans la peinture. C’est encore plus frappant dansL’Hallali du cerf, où les chiens apparaissent presque à taille réelle et se révèlent d’une vivacité incroyable ! Courbet donne à voir toutes les possibilités picturales qu’offre la peinture. »

A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, en 2019, le Petit Palais à Paris, après l’exposition du Musée Courbet à Ornans, a présenté un face à face entre Yan Pei Ming et le maître qui montre combien il reste une référence pour les artistes d’aujourd’hui. L’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet s’attache à traduire les multiples connivences artistiques entre ces deux peintres à quelque six générations d’écart. Point commun biographique tout d’abord : sans argent, moyen ni soutient critique, ils partent à la conquête de Paris. Un courage qui paye et qui les placera tous les deux comme des artistes reconnus. Point commun dans le choix des sujets « classiques » : des portraits, des nus, des paysages et des animaux. Chaque sujet mettant en lumière une démarche commune où l’histoire personnelle de chacun est largement évoquée. Point commun technique :  l’épaisseur de la matière de Gustave Courbet trouve un écho dans la brutalité gestuelle de Yan Pei Ming, favorisant le ressenti émotionnel. En réinterprétant les œuvres du grand maître, Yan Pei Ming amorce un questionnement vis-à-vis de la peinture classique tout en lui rendant hommage.

SA VISION DE LA PANDEMIE

L’artiste a dévoilé, en 2020, au Musée Unterlinden de Colmar, en France, un tableau sur le thème du coronavirus. Cette oeuvre s’inspire directement du retable d’issenheim, exécuté au début du XVIème siècle alors qu’une autre pandémie faisait rage, l’égotisme, ou “feu de Saint-Antoine”. Yan Pei Ming y est représenté en fossoyeur avec une tenue de protection et un masque chirurgical. Une oeuvre exécutée pour garder la mémoire de l’épidémie, selon le peintre : “dans 20, 30 ou 50 ans, le public aura peut-être oublié ce qui s’est passé. Cette toile est comme un arrêt sur image pour l’éternité”. Quand on demande à Yan Pei Ming s’il reste de la place pour l’espoir, il répond “La nuit n’est pas permanente. Le soleil vient toujours un jour ou l’autre. On reverra le jour”. Son oeuvre “Pandémie” ne sera pas vendue. C’est une question de décence pour lui qui ne s’imagine pas “se faire de l’argent sur le dos de ceux qui sont morts”.

“Je m’intéresse à ce caractère invisible, absent de l’homme dans son comportement, au fil des contextes, des circonstances et des événements, à l’humanité qui lui échappe : l’homme invisible dans son humanité. Je me suis intéressé à l’homme en général. Mon travail peut être considéré comme une sorte de portrait universel. Ce que je peins, c’est en fait l’humanité. Cependant, plus je crée des têtes , moins je comprends ces gens…”

STIK EN 10 OEUVRES


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SERIE STREET ART

On connaît peu de chose sur Stik, à part qu’il est né à Londres dans les années 80 et qu’il a vécu dans la misère la plus totale avant d’être reconnu. SDF pendant de nombreuses années, c’est en 2009 que sa vie d’artiste prend un nouveau tournant. Relogé dans un centre d’aide dans le St Mungo’s Hostel à Hackney, il devient un street artiste productif, et quitte définitivement la rue. Stik n’est pas un artiste de la gentrification. Malgré une popularité aujourd’hui incontestable il reste humble et veut en retirer une “autre” richesse humaine et spirituelle. Aussi, il reverse à chacune de ses créations l’argent qu’il récolte à des associations caritatives. Son but n’est pas lucratif mais vital, son amour pour l’art l’a aidé à sortir des méandres de la rue et il s’en sent redevable. Ce qui nous interpelle c’est son art excessivement minimaliste et épuré, ce qui donne à son message un poids d’autant plus remarquable. Ces représentations, androgynes et enfantines se composent de 6 lignes et de 2 points pour les yeux, des personnages silencieux qui observent le monde. “Je trace juste 6 lignes et 2 points, ainsi, chaque ligne doit raconter une histoire”.

A Londres, dans la rue Cordy House, il peint cette fresque pour exprimer ce qu’il ressent en tant que SDF et révèle les changements qui s’opère dans son quartier alors qu’il est sans abris. “Cette oeuvre parlait de se cacher derrière les volets et de la façon dont les gens regardaient le quartier qui changeait… il devenait de plus en plus difficile pour nous de rester dans ce quartier à cause du coût de la vie”.

“A couple hold hands in the street” montre une femme en niqab tenant la main à un personnage. Stik a créé cette fresque quelques jours après une tentative d’attaque contre un dessinateur suédois dépeignant le prophète Mahomet comme un chien. “J’ai fais des recherches et j’ai trouvé qu’en fait, au sein de l’islam, si vous choisissez de représenter des êtres vivants, il faut le faire de manière bidimensionnelle sans aucune illusion de profondeur, c’est tout moi !… En tant qu’artiste de rue, vous devez trouver un moyen de révéler la liberté, c’est ce que je fais ici”. Sept ans plus tard, “A couple hold hands in the street” avait été adopté par la communauté musulmane locale et est devenu une sorte de “trésor national”. Dans un sondage du Guardian en 2017, l’oeuvre a été élue oeuvre préférée au Royaume-Uni.

Cette oeuvre, à Londres, se voulait protestataire contre les Jeux Olympiques, dévoilant un niveau de toxicité des sols autour du parc Olympique inacceptable. Aussi, les figurines “baton” de Stik, habituellement poétiques apparaissent ici sous forme de figurines “mutantes” qui émergent du sol avec des tentacules de monstres.

En partenariat avec le British Council et An Urban Reflection Residency, Stik organise le premier grand Festival d’art de rue en Jordanie, à Amman, en collaboration avec 10 artistes locaux. Nous sommes en Jordanie en 2012, époque à laquelle le roi coupe les subventions du carburant domestique pour ses habitants.

Three boys – Version originale, Murillo, Bartolomé Estéban ((1660)

The Guardian Angel – Version originale, Marcantonio Franceschini (1716)

Adam et Eve – The fall of man – Version originale, Pieter Coecke Van Aelst (1520-30)

Couple in a landscape – Version originale, Thomas Gainsborough (1753)

Ici, Stik dénonce le déracinement des populations qui doivent quitter leur habitat pour laisser place à des immeubles luxueux, un symbole de protestation contre la destruction des logements sociaux. “Big Mother représente les familles vulnérables et le besoin de logements sociaux. La destruction du bloc de logements sociaux sur lequel il a été peint ne fait qu’ajouter à sa signification”. La plus haute fresque murale de Stik a été démolie mais les habitants ont sauvé une partie de son oeuvre pour collecter des fonds.

Stik a peint ses personnages sur l’un des châteaux d’eau emblématiques du centre ville de New York, à Union Square. “Cette oeuvre représente huit personnages se tenant par la main, symbolisant l’union des quatre points cardinaux… Elle fait face à toutes les directions simultanément”.

Stik rend hommage aux générations de migrants qui ont élu domicile dans le Lower East Side de Manhattan, sur Allen Street, plus connue sous le nom d’Avenue of the immigrants. Une exposition des oeuvres de l’artiste a permis de recueillir des fonds pour le Programme Shared Journeys du Tenement Museum, qui développe un programme d’aide aux familles pour l’apprentissage de l’anglais et de l’histoire du Lower East Side.

Piccadilly Lights, le plus grand écran public d’Europe, présentait, pendant le confinement, une oeuvre numérique de Stik représentant un groupe de jeunes se tenant la main comme un symbole d’espoir et de solidarité pendant cette période difficile pour le monde entier.

Stik, qui habite à Hackney au nord-est de Londres, a voulu distribuer aux foyers de son quartier 100 000 posters de son oeuvre “Holding hands”, une sculpture installée dans un square du quartier, pour leur remonter le moral pendant la pandémie. Une partie de ses affiches a été volée et mise en vente sur internet. “Ces oeuvres ont été conçues comme un cadeau pour les habitants de Hackney” déclare Stik, qui s’investie beaucoup dans de nombreuses causes sociales. Les fans qui ont acheté des exemplaires sur internet, qui ne se doutaient de rien, ont rendus leur exemplaire lorsqu’ils ont appris que la manière dont ils avaient acquis ces oeuvres ne reflétait pas “l’esprit dans lequel l’artiste” avait pensé ce projet.

Quoi de plus gratifiant pour un artiste que la reconnaissance de son travail… Pendant le confinement, des enfants de tous âges ont dessiné “à la façon de Stik”, ses personnages “batons” pleins d’humour et de poésie. Ces créations ont dû faire sourire l’artiste, qui reçoit ici des preuves d’amour, lui qui donne tellement dans ses engagement sociaux…