SCÈNES DE SILENCE

La Fondation Beyeler va rouvrir ses portes le 11 mai, ayant eu la chance de profiter de l’exposition Hopper avant le confinement, je pense que c’est vraiment le meilleur endroit pour mettre en valeur ces œuvres. Construit par Renzo Piano en 1997, le bâtiment fait la part belle aux espaces intérieur/extérieur tout comme dans l’œuvre de Hopper.

Hopper est reconnu comme un des artistes les plus emblématiques du 20ème siècle. Ses silhouettes mélancoliques et solitaires, son jeu de couleurs, d’ombres et de lumière sont bien caractéristiques de son travail.

Peintre de l’âme humaine
Une grande partie de son œuvre exprime la nostalgie d’une Amérique passée, ainsi que le conflit entre nature et monde moderne.
Quand un journaliste demande à Hopper ce qu’il cherche, il répond “I am after me” – “je me cherche”. C’est bien ce que semblent se dire les personnages des scènes composées par le peintre. En ville comme à la campagne, la quête est la même, le mal être, la solitude, l’amour, le passage du temps, la mort. Les personnages, en pleine introspection, pourraient symboliser les tourments intérieurs de l’artiste.

Peintre de paysages
Mais l’artiste américain est aussi peintre de paysages. Cette partie de son œuvre, peu connue, est pour la première fois exposée à la Fondation Beyeler de Bâle, constituant la plus grande exposition dédiée à sa peinture de paysage, mais aussi la première exposition d’Hopper en Suisse alémanique.

Il a peint ses premiers paysages lors d’un séjour en France. A son retour aux Etats-Unis, il s’est intéressé aux paysages ruraux, principalement en Nouvelle-Angleterre, avec une prédilection pour Cap Cod.

Si ses personnages en sont souvent absents, leur présence se ressent par les ajouts architecturaux aux couleurs vives. Les paysages d’Edward Hopper sont des compositions géométriques : des maisons, des voies ferrées, des phares… La lumière est toujours particulière, qu’il s’agisse de celle éclatante de midi ou de la lueur du crépuscule.

L’œuvre d’Edward Hopper est très influencée par le cinéma. Il était un grand amateur de films de “Série B”. Le 7e art s’est aussi beaucoup inspiré de ses toiles. Un des exemples les plus frappants est “House by the Railroad” (1925) qu’Alfred Hitchcock a reconstitué pour son film «Psycho» en 1960.

Court-métrage de Wim Wenders
Le cinéaste allemand est lui aussi tombé sous le charme des toiles de Hopper. Elles ont fortement influencé son œuvre cinématographique. Intitulé “Two Or Three Things I Know About Edward Hopper”, le court-métrage en 3D de Wim Wenders est présenté dans une salle installée dans l’exposition.
On y reconnait les mêmes paysages avec leur lumière particulière et il met en scène l’avant ou la suite de l’histoire du tableau. Il nous livre ainsi une explication du pourquoi Edward Hopper a pu choisir ces scènes et nous aide à les comprendre.

Et une bonne nouvelle à la fin: l’exposition d’Edward Hopper est prolongée jusqu’au 26 juillet 2020 à la Fondation Beyeler