LE MYSTERE SOULAGES
28 juillet 2020, je lis une brève info. Cambriolage à Paris : deux tableaux de Pierre Soulages portés disparus… Les cambrioleurs ont-ils voulu s’approprier ces toiles pour percer le mystère Soulages ?
Petit rappel technique… Soulages invente l’Outrenoir en 1979. Les noirs qu’il utilise sont de différente nature, rugueux ou lisses, brillants ou mats. L’Outrenoir est mono pigmentaire et non monochrome. La lumière frappe la surface noire du tableau et revient vers nous, portant toutes les couleurs du spectre.
Selon moi, la consultation de reproductions des oeuvres de Soulages sur papier ne font aucun sens et ne peuvent remplacer la rencontre physique avec ses oeuvres. Le rapport physique à la toile est important, ce que l’on ne ressent pas dans un livre.
Dans un premier temps, je pense que l’artiste a un rapport physique particulier avec ses créations. Ses oeuvres n’obéissent à aucun principe prédéfini, elles expriment essentiellement la volonté de faire de l’espace de la toile noircie, un espace duquel jaillit la lumière. Pour cela l’artiste dispose différentes surfaces de matière qu’il appelle “lisse”, “violentes” ou “adoucies”.
Dans un deuxième temps, le spectateur devant la toile est lui seul capable “d’activer” par ses déplacements, son rapport physique à la toile. Ainsi il verra apparaître une infinité de lumières émergeant du noir. Elles peuvent être de tonalités brunes, ocres, bleus… Ainsi la toile prend tout son sens “émotionnel” en fonction des déplacements du spectateur et des variations de la lumière à laquelle elle est exposée. Pour moi c’est une expérience physique proche de l’intime, qui force à l’intériorité et à la méditation.
A la fois sombre et lumineuse, tactile et mentale, violente et contemplative, l’oeuvre de Pierre Soulages s’offre comme une expérience à la fois physique, métaphysique et poétique qui se vit en direct. Ne cherchant pas à représenter le réel, il est libre !
Musée Soulages – Rodez Réouverture le 21 septembre 2020