FAITH XLVII EN 10 OEUVRES
SERIE STREET ART
Originaire d’Afrique du Sud, Faith47, née en 1979 au Cap, est une des rares femmes à s’être imposée dans le monde très masculin du street art. Autodidacte, elle revendique son pseudonyme de “la foi” qu’elle traduit dans ses œuvres, sans défendre aucune religion particulière. “Ce qui m’influence dans toutes les religions, c’est leur rapport aux temps et aux questions existentielles qu’elles soulèvent “. Par son travail, Faith47 tente de désarmer les stratégies de la realpolitik mondiale, afin de faire progresser l’expression de la vérité personnelle de chacun. De cette façon, son travail est à la fois une libération intérieure et spirituelle qui parle de la complexité de la condition humaine, de ses histoires déviantes et de sa recherche existentielle. Elle aime expérimenter et varier les techniques selon les supports, que ce soit en extérieur avec la peinture, la cartographie par projection, l’installation vidéo, ou en atelier par des créations sur toile ou sur bois.
La peinture murale «Harvest» de Faith47, peinte sur l’un des bâtiments du conseil du District Six, le long de la très animée De Waal Drive à Cape Town, est un exemple de son activisme social. Les lumières LED intégrées dans la peinture murale de Faith sont activées via Twitter. Quand quelqu’un tweete #anotherlightup, il s’allume momentanément, tandis que quand quelqu’un donne de l’argent à la cause, les lumières s’allument pendant une nuit entière. Ici l’art de rue finance l’installation d’un système de lampadaires dans l’un des quartiers les plus dangereux du Cap.
A Durban, en Afrique du Sud, Faith47 peint, en 2014, six énormes fresques sur les piliers du viaduc du marché informel de Warwick. Elle rend ici hommage à ces commerçants de rue et souligne leur appartenance à l’économie locale. Ces œuvres présentent aussi des motifs de tapisserie de la culture locale et des extraits de poèmes des habitants de Durban. « Les peintures murales sont fidèles à la vie, représentant la personne ordinaire. Nous croisons les gens dans la rue et leurs antécédents, leurs nombreuses histoires et expériences de vie sont cachées en eux ».
Faith47 a parcouru le monde pour créer des fresques représentant l’intimité humaine dans des bâtiments délabrés. « Je mets en contraste la fragilité des structures internes et externes de la société ». Cette série intitulée 7,83Hz, fait référence à la théorie des résonances de Schumann qui sont des battements de cœur atmosphériques inaudibles, même à leur intensité la plus élevée elles n’atteignent qu’une fréquence radio extrêmement basse de 7,83Hz. La résonance sert de métaphore à nos actions collectives qui créent une réverbération globale que nous pouvons appeler la nature humaine. «Les relations montent et descendent; les sociétés s’épanouissent et s’effondrent… La connexion profonde entre nous crée et détruit la vie. Nous sommes sensibles et attentionnés, mais en même temps vulnérables et cruels»
Cette peinture murale, à Manchester, fait partie du projet Cities of Hope, qui promotionne la création d’artistes de rue sur le thème de la justice sociale. Ici, Faith47, dans le cadre du projet 7,83Hz initié en 2016, affirme son soutien aux droits des LGBT, le message s’intensifie la nuit avec une installation de lumières géométriques.
Faith47 a peint cette murale en Nouvelle-Zélande, en association avec Pangeaseed, dans un effort de sensibilisation à la conservation des requins.
« Les battements de cœur de l’océan, de la planète et des nôtres sont profondément liés. Tous les êtres vivants sont connectés par cette ancienne impulsion. Nous ne pouvons échapper à la nature interdépendante de toutes choses. Avec le temps, ce que nous ferons à la planète aura un effet sur nous. »
Dans le centre de Jacksonville, en Floride, Faith47 consacre une fresque avec projection vidéo, à la cause des sans-abris. La vidéo en noir et blanc alterne des séquences détaillées de mains, symbole de l’humanité, filmées lors d’entrevues menées par l’artiste avec ces habitants des rues les plus marginalisés d’Amérique. Ce travail est une critique du rêve capitaliste qui manque d’empathie institutionnelle pour ceux qui sont en marge de la société. « Dans toute société saine, il devrait y avoir un large éventail de services pour aider les gens à vivre une vie humaine et digne. L’accès à l’eau potable, à l’éducation, aux soins de santé et au logement devrait être une priorité fondamentale de toute société et de tout gouvernement ».
En 2019, avec la collaboration de Inka Kendzia, artiste Sud Africaine, Faith47, crée une fresque, avec projection animée pour le Blink Light Festival. Pour cette allégorie de la paix, l’artiste met en scène Eirene, déesse grecque de la paix à cheval, brandissant un drapeau, symbolisant la protestation. La projection sur l’œuvre propose un récit sur les thèmes de l’immigration, de la liberté de mouvement, de l’oppression des états et stimule une réflexion sur la force de la solidarité humaine pour surmonter ces défis.
Cette immense fresque murale, sur le complexe University Square à Philadelphie, représente une jeune fille ainsi que des lignes géométriques qui attirent le regard vers le ciel, encourageant l’espoir et des aspirations positives pour un avenir meilleur. «Je viens d’un pays qui grouille de frustration de la violence incontrôlable et de la maltraitance des femmes, de la xénophobie, de la division de classe et de race. Nous connaissons cette douleur de nos terres et nous connaissons tous des douleurs personnelles. Tout le monde a son combat à supporter. Et avec le poids du monde sur nos épaules, nous devons encore pouvoir vivre avec empathie. Nous devons en quelque sorte garder nos cœurs ouverts”.
Pour ce projet initié à New York par Street Art for Mankind, pour célébrer le centenaire de l’Organisation Internationale du Travail, Faith47 collabore avec plusieurs artistes (Shalak Attack & Bruno Smoky, Jorge Gerada, Cenz et Victor Ash) sur différents thèmes : emplois verts, emploi des jeunes, travail des enfants et travail forcé et enfin égalité des sexes au travail pour Faith47. « Les statistiques montrent que dans de nombreuses communautés, les femmes sont toujours victimes de discrimination et n’ont pas accès à l’éducation et à l’emploi qu’elles devraient avoir… Il s’agit de la VOIX, de l’esprit, du cœur et du développement de l’intuition et de la valorisation de l’empathie… Il est temps d’exiger que nos lieux de travail et nos institutions deviennent plus sensibles au genre et travaillent en solidarité pour contribuer à la création de sociétés plus inclusives. »
Dans le cadre de la campagne de sensibilisation « Paint, save lives » pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, lancée par l’association du chanteur Bono, Faith47 a créé une fresque pour l’hôpital de la Croix Rousse, à Lyon. Sa représentation de l’amour maternel se veut une « métaphore du soin et de l’attention inconditionnels que l’on porte à toute personne vulnérable au sein de l’hôpital. Plus qu’un rapport maternel, cette œuvre représente la force du lien entre protecteur et protégé ».