ART WORLD GONE MAD?

Une banane scotchée à un mur vendue 120 000 dollars à la foire d’Art Basel… avant d’être mangée

L’actualité de l’art contemporain ne cessera jamais de nous surprendre. La dernière en date est survenue à la Foire d’Art Basel à Miami en décembre 2019. Sur le stand de la Galerie Perrotin trônait une banane scotchée avec un ruban adhésif gris-argent. Il en demandait 120 000 dollars et les a obtenus. 200 grammes, 5 exemplaires, faites le calcul on est à 600 000 dollars le kilo!…

Un autre artiste, David Datuna, a prolongé le buzz en mangeant cette « œuvre » sur le stand, sans la payer. Sur son compte instagram il a commenté son geste ainsi : « j’aime les œuvres de Maurizio Cattelan et j’aime vraiment cette installation. Elle est délicieuse…» Perrotin n’a pas porté plainte et a fait de même.

L’idée et la mise en scène sont de Maurizio Cattelan, l’artiste italien qui accompagne Perrotin depuis ses débuts et déjà l’auteur de quelques œuvres qui ont fait grand bruit, la plus célèbre sans doute « La Nona Ora », une sculpture hyperréaliste représentant le Pape Jean Paul II écrasé sous une météorite.

Avant la vente Perrotin avait déclaré à CNN que les bananes étaient «un symbole du commerce mondial, un double sens, ainsi qu’un moyen classique d’humour».

Je pense qu’on peut y voir bien plus…

Ethymologiquement, le mot »banane » est un dérivé du portugais, lui-même sans doute dérivé de l’arabe banan qui signifie « doigts ». Parfait, que pointe cette installation du doigt?

Peut-être le symbole du commerce mondial, comme le dit Perrotin, la banane étant en effet la première culture alimentaire de l’homme, qui remonte à plus de 12 000 ans!

Peut-être la métaphore du paradis perdu et le symbole de la vanité des biens, dans la culture hindoue.

Peut-être le symbole phallique bien connu, au centre de blagues et d’allusions grivoises.

Je veux croire à une autre intention de l’artiste, une affaire de famille, mais chacun peut y voir ce qu’il veut…

Depuis des millénaires que la banane fait partie du régime alimentaire des hommes, ces derniers ont établi un parallèle entre la succession des générations de bananiers et celle des familles humaines.

En effet, pour assurer sa postérité, le bananier émet des rejets autour de la tige. Les appellations botaniques du bananier sont issues de cette similitude :

  • Le pied mère est la tige qui porte le régime
  • Les rejets fils sont les successeurs,
  • Les rejets petit fils sont les rejets issus des fils 
  • La grand-mère correspond à la souche et à la tige après récolte
  • Les rejets frères désignent les rejets d’une même souche.

Cette banane de Cattelan : une marque de génie faisant avancer l’art conceptuel, buz pour l’artiste et la galerie ou une vente ridicule à un prix exorbitant ?

Une chose est sûre, grâce à son œuvre Maurizio Cattelan a interrogé « l’idée » de l’art contemporain, sa symbolique, sa légitimité et son intérêt.

Parfois de grandes idées se cachent derrière de bien petites choses…